Les horreurs de l’enlèvement de vos enfants par les fées
Voici un ouvrage très intéressant de Tristan Shaw, « Forgotten Lives », qui est sorti au mois de septembre dernier. On y aborde le monde des fées et leurs éventuelles actions dans nos vies.
Dans le monde d’aujourd’hui, les parents se demandent souvent si leurs enfants mangent sainement et s’ils reçoivent une bonne éducation, et en ce qui concerne les longs trajets en voiture, si leurs enfants adolescents ont leur téléphone complètement chargé. C’est dur d’être un parent moderne, mais au moins, vous n’avez pas à vous inquiéter, comme vos ancêtres jadis, que votre progéniture se fasse enlever par des fées.
Bien que toutes ces vieilles histoires appartiennent désormais au folklore, elles étaient jadis très prises au sérieux par de nombreux parents superstitieux qui craignaient comme la peste, la menace occasionnée par les fées. Bien après les Lumières, entre 1850 et 1900, les tribunaux de toute l’Europe s’occupaient encore de cas de personnes qui maltraitaient ou tuaient des enfants accusés d’être des enfants « mutants ». Selon les contes populaires et les récits historiques, un enfant échangé par une fée pouvait être identifié par des difformités physiques, un corps malade ou sous-développé, et un appétit excessif (ou petit). Au XIXe siècle, les chercheurs ont reconnu que les histoires d’enlèvements provenaient probablement d’enfants handicapés ou ayant une déficience mentale. On pense que cette idée de l’enlèvement est née de la reconnaissance par les paysans que quelque chose n’allait pas avec leurs enfants, et qu’elle aurait pu être utilisée pour justifier l’abus et le meurtre de ces pauvres enfants.
Le poète et topographe anglais George Waldron en est un exemple historique intéressant. Alors qu’il travaillait comme fonctionnaire sur l’île de Man, Waldron, né à Londres, a écrit un livre sur l’histoire et la culture de l’île, « A Description of the Isle of Man », en 1726. Critiquant les habitants de cette contrée pour être superstitieux, Waldron a noté que la croyance dans les fées était toujours très vivante : « La vieille histoire des bébés qui sont échangés dans leur berceau, dit-il, est tellement prise au sérieux ici, que les mères sont continuellement effrayées par les pensées qu’elle suscite ». Lorsqu’on a présenté à Waldron un prétendu bébé échangé, il a décrit l’enfant comme ayant un beau visage et un teint délicat. Le garçon avait cinq ou six ans, avec des membres longs et minces. Il ne parlait pas, ne pleurait pas, ne mangeait presque rien et était incapable de marcher et de se lever. Lorsqu’il était laissé seul, les gens qui le regardaient de sa fenêtre le voyaient rire. On croyait qu’il était alors en compagnie de fées et qu’elles allaient laver le garçon et lui peigner les cheveux.
Dans un autre exemple, Waldron a entendu l’histoire d’une mère qui prétendait avoir été continuellement harcelée par des fées. Les ennuis ont commencé quatre ou cinq jours après la naissance de son premier enfant. Tout à coup, sa famille a entendu quelqu’un crier qu’il y avait un incendie. Ils ont alors couru hors de la maison pour voir où il se situait, laissant la mère et son bébé seuls dans leur chambre. Tandis qu’elle tremblait dans son lit, la femme regardait d’une manière incrédule son bébé se faire prendre par une main invisible qui finit par l’emporter. Lorsque les autres membres de la famille sont rentrés à l’intérieur de la maison, ne trouvant aucun feu nulle part dans les environs, ils découvrirent le bébé couché à l’entrée de leur demeure. Naturellement, on reprochait aux fées d’avoir déplacé l’enfant. Un an après cet incident, après la naissance du deuxième enfant de la mère, la famille a entendu une forte agitation dans l’étable. Alors qu’ils se précipitaient pour voir quel était le problème, la mère et son nouveau-né furent laissés seuls une fois de plus. À l’intérieur de la grange, rien ne sortait de l’ordinaire, et aucune vache ne s’était échappée. Rassurée, la famille négligente retourna à la maison, où elle fut accueillie par le deuxième bébé couché devant l’entrée.
Comme pour le premier enfant, on croyait que ce mystérieux déplacement était l’oeuvre des fées. Peu de temps après que cette même mère ait accouché de son troisième enfant, une autre agitation fut entendue dans la grange. Comme par magie, tout le monde sortit en courant, laissant la mère et le bébé avec une infirmière qui dormait profondément. La mère aperçut alors avec horreur une paire de mains invisibles saisir rapidement son bébé et l’emporter. La femme hurla pour que l’infirmière se lève, mais il était trop tard : Le gros et beau bébé s’était éloigné. Lorsque la famille revint de son inspection, la mère fut retrouvée en train de pleurer de façon hystérique. Bien que le mari ait fait remarquer que le bébé était toujours dans son lit, la mère ne pouvait pas être dupe. C’était un imposteur maigre et déformé, un échangé. Selon Waldron, cette créature a vécu avec la famille pendant neuf ans. Au cours de sa brève existence, « l’échangé » ne mangea « rien d’autre que quelques herbes. On ne le vit jamais avoir d’autres excréments que de l’eau et il ne parlait pas, ni ne pouvait se tenir debout, ni aller nulle part. » Il ressemblait à l’enfant rencontré par Waldron sur l’île. Bien que notre journaliste anglais ne détaille pas ce qui est finalement arrivé à cet « échangé » particulier, on peut aussi supposer que l’enfant souffrait de malnutrition et de négligence, sinon d’abus délibéré.
Alors ont-elles bon dos les fées ? Sommes-nous en présence seulement d’histoires folkloriques ou de mauvais traitements déguisés en histoires mystérieuses ? L’origine des contes de fées remontent-ils à la préhistoire ? On pensait encore très récemment que les contes de fées ne dataient que du XVIe siècle, mais les frères Grimm, déjà à leur époque, étaient déjà intimement persuadés que ces contes avaient des origines beaucoup plus anciennes.
Cependant, étant donné que ces récits relevaient de l’oralité avant d’être mis par écrit, l’origine des contes de fées n’était pas évidente à retracer. Des chercheurs ont cependant publié une étude sur le site internet de la Royal Society qui situe leur origine au néolithique. Les scientifiques Sara Graça da Silva (université de Lisbonne) et Jamshid J. Tehrani (université de Durham) ont décidé de s’atteler à la question à l’aide d’une méthode originale : Ils ont mené une étude sur la traçabilité génétique des textes au sens propre du terme, en réutilisant des méthodes utilisées en biologie pour retracer les mutations des gènes… Tehrani a déclaré à la BBC : « Nous avons emprunté une trousse à outil à la biologie de l’évolution, cela s’appelle une méthode comparative phylogénétique. Elle permet de reconstruire le passé en l’absence d’indice physique. Nous avons extrait des informations concernant l’histoire des contes, en utilisant des informations qui avaient été préservées par des mécanismes d’héritage, donc en un certain sens, elles contiennent leur propre histoire.
En comparant des contes populaires que l’on trouve dans différentes cultures et en connaissant les relations historiques entre ces cultures, on peut en déduire quelles histoires leurs ancêtres communs auraient racontées. » Leur étude repose sur les « contes contenant de la magie » de la classification Aarne Thompson.
Ils ont ensuite enregistré la présence ou l’absence de ces contes chez 50 peuples de langue indo-européenne, choisis selon l’abondance d’études ayant été effectuées sur leurs traditions orales et leurs relations phylogénétiques. Certains résultats sont déjà très étonnants. La Belle et la Bête et le Nain Tracassin auraient par exemple des origines qui remontent à plus de 4000 ans, soit à la préhistoire, vers la fin du néolithique. Concernant le conte populaire du maréchal-ferrant et du diable, il remonterait à 6000 ans… Dans ce modèle de conte, un maréchal-ferrant conclut un pacte avec un être maléfique (la mort, le diable ou autre) : en échange de son âme, il obtient le pouvoir de souder n’importe quels matériaux ensemble. Son pouvoir lui servira alors à « coller » le diable à un un arbre, lui permettant ainsi de ne pas tenir sa promesse.
De l’Inde à la Scandinavie, cette structure serait restée stable dans tous les lieux de langue indo-européenne. Les origines de ce conte auraient leurs racines dans les sociétés proto-indo-européennes, où la métallurgie existait probablement et où l’on retrouve des évidences génétiques et archéologiques de massives expansions territoriales par des tribus nomades des plaines du nord de la mer noire, il y a 5000 ou 6000 ans. Selon Tehrani qui a confiance en ses méthodes de traitement des histoires comme des informations génétiques, qui passent de génération en génération : « On ne réinvente pas la culture à chaque nouvelle génération, mais on en hérite beaucoup. » Tehrani se range définitivement du côté des frères Grimm : « Nous trouvons cela remarquable que ces histoires aient survécu sans avoir été écrites. Elles ont été conservées oralement avant que le français, l’anglais ou l’italien n’existent. Elles ont probablement été inventées dans un langage indo-européen disparu »
Cet article est issu du magazine Dossiers secrets du paranormal numéro 3 des éditions Optimal. Vous pouvez découvrir tous nos magazines numériques sur notre site officiel